À l’orée des Grandes Découvertes, les Européens voient en l’océan Indien un lieu d’aventures et de richesses, écho fantasmé d’une réalité encore méconnue. En effet, il est à cette époque au centre d’un réseau commercial dense et complexe. Traversé par les routes maritimes des épices et de la soie, il est au coeur d’un « système-monde »1 au sein duquel les États du Moyen-Orient, d’Inde, d’Asie du Sud-Est et de Chine ont développé une économie régionale autonome et florissante. C’est l’espoir d’exploiter ces richesses qui les poussera à développer, en passant par le cap de Bonne Espérance, une route alternative aux anciennes voies terrestres en terre d’Islam.
Aujourd’hui, cet océan est toujours au centre d’un système-monde qui a cependant pris des dimensions planétaires. Biens manufacturés ou matières premières : 70 % du pétrole et la moitié des porte-containeurs mondiaux y transitent. La sécurité de l’économie mondiale est intimement liée à la situation dans l’océan Indien, ce qui explique en bonne partie l’intérêt des nations européennes pour cet espace.
Toutefois, de Vasco de Gama à Atalante, les rapports de force internationaux ont changé du tout au tout. L’Europe n’est plus aujourd’hui le héraut d’une ère nouvelle explorant de nouveaux terrains de jeu mais une puissance déclinante gérant sa relation avec des puissances émergentes. Sa présence en océan Indien a dû évoluer mais conserve les mêmes objectifs.