Centre d'Etudes Stratégiques de la Marine

Cargo 4/14: LA CHINE D'OUTRE-MER : UNE DIASPORA D'INFLUENCE ?

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Publication le : 8/01/19 -

Étudier la diaspora, c’est sortir du « piège territorial » (1), dénoncé par John Agnew, qui consiste à situer la société à l’intérieur d’un territoire délimité par des frontières. La diaspora est un mot grec forgé au XIXe siècle désignant la dispersion, longtemps employé pour décrire l’exil forcé des Juifs dans l’Antiquité, leur conscience identitaire et leur présence minoritaire dans un grand nombre de territoires au-delà de la Palestine. Emmanuel Ma Mung, responsable du laboratoire Migrinter du CNRS, relève deux caractéristiques morphologiques de la diaspora : la multipolarisation de la migration d’un groupe national, ethnique ou religieux et l’interpolarité des  relations. Tandis que les migrations classiques génèrent un réseau élémentaire reliant exclusivement les pôles migratoires au pays d’origine, la diaspora engendre un réseau complexe connectant non seulement le pôle migratoire au pays d’origine mais aussi tous les pôles migratoires entre eux. Ainsi, « une migration classique s’établit en diaspora lorsqu’elle passe d’une organisation en réseau élémentaire à celle en réseau complexe » (2). Gabriel Sheffer retient trois critères pour définir le concept de diaspora (3): la conscience et la revendication d’une identité ethnique, la forte densité des liens communautaires transnationaux et le maintien de contacts, réels ou  imaginaires, avec le territoire d’origine. Les migrations chinoises contemporaines présenteraient dès lors un caractère diasporique.

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